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Set et Match !

Liane Moriarty

« On ne frappe pas la balle en espérant gagner, on met au point une stratégie. »

Un jour de Saint-Valentin, Joy, jeune retraitée de 69 ans, disparaît après avoir envoyé à chacun de ses quatre enfants le même SMS incompréhensible : il y est question de déconnexion, de champagne et de 21. Aucun ne s’inquiète, à priori, jusqu’à plusieurs jours sans nouvelles. Une enquête pour disparition inquiétante est alors ouverte, comme les digues qui encerclent cette famille qui a toujours suscité admiration ou agacement chez tous ceux qui les fréquentaient, avant comme aujourd’hui.

Les parents étaient les propriétaires d’une école de tennis renommée, joueurs, professeurs et entraîneurs reconnus dans le domaine. Tous les enfants étaient particulièrement doués dans ce sport si complexe jusqu’à ce qu’ils abandonnent, les uns après les autres pour vivre leurs vies d’adultes. Pas après pas, question après question, eux et les autres vont s’ouvrir sur les événements des derniers mois, qui ont mis le couple marié depuis 50 ans à rude épreuve. A commencer par l’arrivée d’une mystérieuse jeune femme, Savannah, un soir de septembre. Cette dernière s’est invitée et incrustée dans la vie de la famille et fait ressurgir le pire : des comportements, des souvenirs, des questions sur la vie, les choix, les souvenirs gardés de l’enfance.

Le père, Stan, avec son caractère bien trempé, refuse de dire quoi que ce soit. Il ne croit pas à la mort de sa femme, il ne croit pas à la défection de ses enfants. Il ne croit pas à l’inculpation et aux soupçons qui pèsent sur lui. Et personne, ni les flics, ni ses enfants, ni nous-même lecteurs, ne le comprend.


«… Les femmes savent que les bébés, les maris et les parents malades peuvent faire capoter vos rêves… »

Une nouvelle fois, Liane Moriarty nous plonge dans la vie paisible d’une famille parfaite d’une banlieue australienne. Une nouvelle fois, l’auteure sème des indices, des doutes, ouvre des petites fenêtres qui nous font prendre une direction, confiants, avant qu’on ne se rende compte que c’est un cul de sac. Alors, avec sa plume et son imagination débordante, elle nous montre un autre chemin et on se dit que “mince, on n’avait rien vu!”. Avec la même délectation que dans Le secret du mari, Petits secrets grands mensonges et ses autres romans, on est plongés dans les non-dits, on perce la couche de vernis de ces personnages qui semblent tout droit sortis d’un épisode de série télé, on voit ce qu’il se cache sous la moquette fleurie. On a envie d’en savoir plus, avec un plaisir coupable, un plaisir voyeur.

« Elle a peur d’avoir peur, d’être tellement paralysée par la peur qu'elle ne pourra rien faire et restera plantée là avec un sentiment d’imposture »

Véritable page-turner, ce nouveau roman de l’australienne est une mine : documentée, elle a une façon passionnante de parler de tennis (moi qui ne supporte pas le sport, je me suis laissée prendre par ce jeu de balle grâce aux jeux des mots !). Proche de ses personnages, elle en maîtrise les caractères, les défauts, les qualités, la psychologie, tout. Elle exploite également très bien les émotions, que l’on ressent en même temps et avec autant d’intensité que les protagonistes.


Un excellent Moriarty donc, à lire pour céder sans culpabilité au péché de curiosité !


« Une fois que la balle est lancée, il est inutile de voir où elle va. On ne peut plus modifier sa trajectoire. Il faut penser au coup suivant. »

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