Marine Carteron
« Voir et savoir ne sont pas la même chose. »
Le plan d’Athéna a échoué et Pallas est toujours prisonnière du bois. Elle n’est plus vraiment le Palladion mais l’esprit peut se déplacer d’un morceau de bois à un arbre, suivre ses amis, ses protégées, ses ennemis aussi.
La fille de Zeus, n’a pas dit son dernier mot. Son père doit payer pour ce qu’il a fait à sa mère et à son amie. Alors elle se lance dans un projet de grande ampleur, manipulant mortels et immortels, de Troie, de Grèce et de Sparte. Son objectif est de faire tomber la cité troyenne et elle s’y attelle avec patience et intelligence, des années durant.
Aphrodite, Apollon, Hélène, Pâris/ Alexandre… tous sont les jouets de la déesse et l’ignorent. Même Prométhée, l’oncle d’Athéna, qui l’aide dans son projet, ne connaît pas tous les tenants et les aboutissants de son entreprise.
Pendant 24 ans, nous suivons les hommes et surtout les femmes qui font la grandeur de la mythologie, qu’ils sont humains ou divins. Nous assistons à leur manipulation par la déesse de la guerre, tels des pions sur un jeu d’échec. Nous nous attachons, nous nous énervons, nous apprenons. Nous suivons, désemparés, aux événements qui mèneront, indubitablement, à la chute de Troie.
« L'indifférence. Voilà le seul pouvoir que les humains ont sur les dieux, ce qui les effraie plus que tout. Les immortels ont besoin que nous croyions en eux pour exister. »
J’ai eu un peu de mal à recoller les morceaux et à me reconnaître dans la généalogie et les liens entre les différents personnages mais une fois repérés ceux qui me paraissaient essentiels, je me suis surtout laissée porter par la construction du plan d’Athéna et la désolation de l’esprit de Pallas qui assiste, impuissante, à l’avancée de la vengeance au mépris des individus.
On sent le désir de l’auteure d’être à la fois crédible et proche de « la vérité » en ce que cette mythologie a été racontée par plusieurs personnes, notamment le grand Homère dans son Iliade.
J’ai trouvé l’écriture moins féministe, plus apaisée que dans le précédent tome, mais cela s’explique aussi par la patience dont doit faire preuve la fille de Zeus pour ourdir son plan. Elle ne peut se permettre de dévoiler ses projets, ses émotions, ses ambitions, si elle souhaite que chacun aille dans la direction qu’elle a désignée.
C’est un roman de transition qui passionne par l’intelligence et la modernité avec laquelle les événements nous sont contés. Il fait savoir prendre son temps et se remémorer qui est qui mais on a plaisir à se plonger dans cet univers que l’on connaît de loin. Ici, pas d’autre choix que de s’immerger dans le récit. Transition oui, ennui jamais.
J’ai beaucoup aimé ce volume, et je ne pense pas laisser trop de temps avant de finir la trilogie (d’autant plus que le T3 est déjà dans ma Billyotheque!)
« Parler, c'est prendre le risque que le mot s'envole, que quelqu'un, quelque part, l'entende, le répète ; que d'une bouche à une oreille, celui-ci termine au mauvais endroit. »
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