Sarai Walker
« La plupart des enfants n'imaginent pas que leur mère a eu une vie avant eux, mais, pour mes sœurs et moi, c'était l'inverse. Le mariage était toujours la fin de l'histoire. Nous étions l'épilogue. »
Sylvia Wren est une vieille femme. À 80 ans, l’artiste peintre internationalement reconnue vit recluse dans sa maison du Nouveau Mexique avec sa compagne et sa peinture. Un courrier d’une journaliste va bouleverser son existence : Sylvia n’est pas celle qu’elle prétend, son passé est tragique et la reporter est décidée à le prouver.
Alors la vieille dame décide de se livrer à l’écrit : dans trois carnets bleus, elle va raconter le drame de la famille Chapel. Belinda, la mère « folle », le père effacé et néanmoins puissant et les six sœurs. Tous vivent dans une demeure ressemblant à un gâteau de mariage : impressionnant de l’extérieur mais écœurant à force.
Quand l’aînée des filles annonce qu’elle est sur le point de se marier, Belinda prédit immédiatement un grand malheur. Seule Iris, l’avant-dernière de la fratrie, écoute sa mère, Aster est décidée à quitter le gâteau. Mais la prédiction se réalise, la jeune mariée décède. Quelques mois plus tard, Rosalind connaît le même sort. Et toutes les filles Chapel mourront les unes après les autres, à l’exception d’Iris, qui a toujours été sensible aux avertissements de leur mère. Iris qui n’est pas comme ses sœurs avides de mariage et d’enfants, synonymes de liberté. Iris qui s’est donné pour mission de veiller sur ses sœurs, de gré ou de force.
Année après année, les drames se suivent et il faut survivre, ne pas espérer ce qui condamnerait, ne pas céder à l’appel du mariage et des hommes. C’est la malédiction des sœurs Chapel dont la famille a fait fortune grâce aux armes à feu qui ont tué tant de gens à travers le monde et à travers les guerres.
« Réfléchissez un instant à la destruction totale du corps féminin au cours de la vie d'une femme, de son âme, et pour quoi ? Pour perpétuer la race humaine qui, il y a quelques années à peine, a failli être anéantie.»
La quatrième de couverture annonçait un roman « gothique », mais ce n’est pas ce que j’ai trouvé dans ces pages.
Au début, le style d’écriture m’a dérangée. Facile, rapide, léger… une ressemblance avec Le Chœur Singulier de Milly Davis de S.A. Yarmond qui, bien que captivante, ne me plaisait pas. Et puis plus j’avançais dans le récit, plus j’étais prise dans l’histoire et je voulais savoir à tout prix ce qui allait advenir des sœurs Chapel. On sait dès le début qu’elles mourront (c’est écrit sur la 4ème de couverture) mais la question est de savoir comment et surtout pourquoi ?! Dans la Nouvelle-Angleterre des années 50, la parole des femmes n’avait pas grande importance, surtout lorsqu’elle dénonçait la normalité. Se marier, avoir des enfants, tout ceci était logique, ce que toute femme devait espérer et viser. Mais quand Belinda se dresse pour dire non, on ne l’écoute pas. Son frère, son mari, ses filles. On la dit folle. On lui prête des dons de voyances mais on n’y croit pas. Sauf Iris.
Ce roman révèle d’une minuscule part de fantastique et d’une énorme portion de féminisme. On comprend bien cette seconde revendication, on espère des explications, on les attend, mais elles ne viennent pas.
On comprend qu’il s’agit d’une sorte de manifeste finalement, mais il manque quelque chose pour clôturer convenablement l’histoire de Belinda et d’Iris. La vieille dame ne me donne pas les véritables raisons de ce qui est arrivé à ses proches et même si je me dis qu’elle-même les ignore, je suis déçue, sur ma faim, après pourtant plus de 550 pages absolument passionnantes !
Je ne regrette pas ma lecture, loin s’en faut. Il ne me reste cependant plus qu’à imaginer le pourquoi du comment…
« Il est plus facile de dire que les femmes comme ma mère sont folles. Dans ce cas-là, inutile de les écouter. »
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