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La librairie des chats noirs

Piergiorgio Pulixi

« Parfois pour faire le bien, les adultes ne peuvent pas faire autrement que de faire le mal. »

A Cagliari, au sud de la Sardaigne, Marzio Montecristo est le propriétaire d’une librairie spécialisée dans le roman policier. Il n’est pas très heureux et les affaires tournent surtout grâce à ceux qui l’entourent : Patricia, son employée dévouée, et les membres du club du mardi soir. Un jour, son amie d’enfance, Angela, vient le trouver : un couple est mort, laissant derrière eux un petit garçon que Marzio connaît bien pour l’avoir eu comme élève. 

Lorenzo est mutique, mais il accepte de raconter à son ancien professeur de maths ce qu’il a vu : le tueur les a immobilisé son père, sa mère et lui puis a laissé une minute au père pour choisir qui, de sa femme ou de son fils, devait être exécuté. La mère a été exécutée. Le tueur s’est éclipsé, le père s’est suicidé. Quelques jours plus tard, sur le même mode opératoire, une autre famille est touchée par le même assassin. La police est désemparée. 

Marzio, fort de son amour secret pour la détective, de son affection pour l’enfant et du cercle des amateurs de polar, propose que le dossier leur soit confié pour qu’ils réfléchissent ensemble à la résolution de l’enquête, sous les yeux attentifs des deux chats noirs de la librairie : Miss Marple et Poirot. 

Entre deux interactions catastrophiques avec les clients incultes de la boutique qui lui valent bien des insultes et les visites à Lorenzo et Nunzia, l’ancienne présidente du club de lecture, Marzio avance dans son enquête tandis que le tueur planifie ses prochaines attaques, méthodique, organisé et déterminé. Il ne laisse derrière lui que des sabliers, symboles du temps donné pour choisir qui, des deux personnes les plus aimées, devra mourir…  


« Les affaires les plus difficiles sont toujours les plus banales. Si elles semblent compliquées, c’est parce que l’enquêteur charge le crime d’une complexité qui n’est qu'apparente. »

J’avais découvert Pulixi avec l’Île aux Âmes, roman se situant déjà en Sardaigne mais dans un univers et une dynamique beaucoup plus sombre que ce nouveau roman. Ici, on rit beaucoup, malgré l’horreur des crimes perpétrés et le choix cornélien imposé aux victimes. L’auteur glisse de nombreuses références littéraires mais surtout ses souvenirs de libraire : les clients exigeants, incultes, ignorants, curieux… mais aussi les fidèles avec lesquels on peut créer de réelles interactions et, parfois, de belles amitiés. La bibliothécaire que je suis s’est reconnue plus d’une fois dans certaines situations ô combien amusantes qui méritaient bien qu’on leur dédie un roman. 

Léger donc, mais pas complètement, sinon, ce ne serait pas du Pulixi. Le modus operandi du tueur nous renvoie à une question que personne ne voudrait se poser : qui aimes-tu le plus entre ta femme et ton fils ? entre ton père et ta mère ? entre tes deux enfants ? Un tueur au sang froid glaçant qui place ses victimes et les lecteurs face à un dilemme auquel on est heureux de ne pas avoir à répondre. 

L’écriture est fluide et fait de ce roman un policier que l’on ne peut pas lâcher, tant sa construction, son intrigue, son rythme sont haletants. Véritable page-turner, cette Librairie des chats noirs appelle absolument une suite ! Tout y est à garder, entre le lieu et les personnages (Marzio est un faux sauvage au cœur tendre qu’on a vite fait d'apprécier !) mais aussi l’inventivité de ces meurtres et la résolution de l’enquête qui ne laisse absolument rien deviner au fil des pages, ce qui ajoute un plaisir immense à l’issue de l’intrigue : on n’a rien vu venir, on s’est bien fait avoir, et on en redemande. En attendant, plongeons dans les aventures d’Agatha Christie et de Maurice Leblanc, inspirations revendiquées de cette nouvelle ère Pulixi ! 


« Les amateurs de polars ne sont pas des lecteurs normaux…  Leur fidélité au genre confine à l'obsession. Ils forment une sorte de secte.»

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