A.J. Finn
Ce premier roman d’A.J. Finn est ce que l'on peut appeler une bonne lecture d’été. Un moment de détente, juste ce qu’il faut de suspense et de réflexion, sans pour autant empêcher de dormir!
Anna Fox est docteur en pédopsychiatrie. Enfin, elle l’était avant de subir un traumatisme suffisamment grave pour qu’elle devienne agoraphobe à un niveau tel qu’elle ne peut pas sortir de chez elle. Jamais.
Alors elle observe ses voisins. Elle les regarde vivre et imagine leurs vies, leurs échanges. Lorsqu’une nouvelle famille s’installe juste en face de chez elle, elle s’en passionne et par le hasard des événements, fait la connaissance de Jane, la mère de famille et Ethan, l’adolescent de 15 ans.
Un soir, après un mélange détonnant de Merlot et de médicaments, Anna assiste impuissante au meurtre de sa nouvelle amie, éloignée d’elle par le petit parc séparant leurs deux maisons. Elle se fait violence pour sortir de chez elle et venir au secours de Jane mais sa maladie est plus forte qu’elle et elle s’évanouit. A son réveil, c’est l’accélération de l’angoisse : personne ne la croit, personne ne l’écoute, tout le monde doute de ce qu’elle dit. Elle-même n’est plus sûre de rien. La folie prend peu à peu le pas devant la résistance des autres, devant la réalité de ce qu’elle est, de sa manière de vivre, du traumatisme innommable qui l’a frappée 11 mois auparavant. Tout est contre elle.
« Intéressée, moi, je le suis. Beaucoup. Pas par son corps (...) mais par la façon dont elle mène sa vie. Ses vies, plus exactement : elle en a deux de plus que moi »
Dans un style et sur un thème assez proche - disons-le franchement - de “La fille du train”, A.J. Finn traite de la dépression, de l’alcoolisme, du stress post-traumatique et de la difficulté à être entendue, crue, quand on semble brisée de l’intérieur. Je l’ai aussi ressenti comme un empêchement : Anna est sûre d’elle, elle sait ce qu’elle a vu, et au moment où elle ne demande qu’à aller mieux, elle est maintenue la tête sous l’eau, la tête dans sa dépression, la tête dans son malheur.
C’est un roman bien écrit, bien documenté, notamment en ce qui concerne l'agoraphobie, ses causes et ses traitements. Anna étant elle-même psy, elle a un regard très objectif sur ce qu’elle traverse et cela rend à la fois le personnage plus attachant et le récit plus prenant. Les nombreuses références aux vieux films en noir et blanc dont notre héroïne raffole participe également à créer l’ambiance hitchcockienne, teintant tout cela d’angoisse pure, psychologique.
Un bon moment, vous l’aurez compris, une belle rencontre avec ce personnage et cet auteur que je ne manquerai pas de suivre (et de référencer à la Bibliothèque, j’espère!)
« Observer les autres, c'est comme tourner un documentaire animalier: on ne se mêle pas de la vie des bêtes »
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