William Boyle
« Souviens-toi quoi qu’il arrive, mieux vaut être un chien en vie qu’un lion mort. »
Prenez la veuve d’un mafieux de Brooklyn, une bonne soixantaine d’années, vivant seule dans son pavillon et sans plus de contact avec sa fille unique depuis l’enterrement de son mari. Ajoutez un voisin un peu goguenard qui souhaite passer du bon temps avec cette femme. Au programme, un peu d’alcool, des biscuits, un film porno et du Viagra. Sauf que Rena n’est pas d’accord avec ça et elle frappe le malotru avec un cendrier à cigares, bien lourd, et se carapate dans le Bronx avec la voiture du bonhomme, espérant trouver refuge auprès de sa fille.
Mais Adrienne n’est pas décidée à se laisser envahir par sa mère, elle la renvoie manu militari et c’est Wolstein, la voisine d’en face qui va lui ouvrir sa porte. Cette femme, qui a peu ou prou le même âge que Rena, n’a pas du tout le même passé. Actrice de X dans les années 70 et début des 80’s, elle a galéré quelques années puis a trouvé, avec son amie (et ancienne collègue) Mo un moyen de se faire pas mal d’argent à moindres frais, en Floride, aux dépens de vieux mecs désireux de combler leur solitude.
Bref, deux chemins de vie opposés (avec tout de même quelques points communs) vont se croiser et s’unir, par la force des choses et l’accumulation d'événements tous plus cocasses et dramatiques les uns que les autres. Rena et Wolstein vont se retrouver en cavale au bord d’une voiture de collection, avec la petite-fille de la veuve sur la banquette arrière et presque un million de dollars dans le coffre.
Quand une simple invitation à prendre un café déraille à ce point, ça donne une virée épique et rocambolesque, pleine d’humour et de leçon de vie sur la vieillesse, l’adolescence, les sacrifices qu’on est prêts à faire pour ceux qu’on aime, depuis longtemps ou depuis deux heures.
« Tout ce qu’on fait, toutes les décisions qu’on prend, on essaie de ne pas se retrouver avec le cœur brisé, non ?»
Premier roman de l’année, cette amitié est une lecture facile et en même temps pleine de bon sens. On ne saura jamais ce qui a divisé Rena et sa fille Adrienne, on n’aura pas les réponses à toutes nos questions, mais en même temps, c’est souvent le cas dès lors qu’il s’agit de la pègre en général et de celle de New-York en particulier.
Ce qu’on retiendra, c’est cette capacité qu’a l’auteur à passer d’un personnage à l’autre, en s’adaptant à chaque fois à sa vie, son parcours, son âge, ses expériences. Qu’il s’agisse de Lucia (l’ado) ou de Wolstein (l’ancienne actrice porno) ou Richie (le compagnon mafieux d’Adrienne), le ton est toujours juste et le point de vue différent permet au lecteur d’avoir une vue d’ensemble de cette suite de péripéties.
Avec un rythme endiablé, Boyle nous fait faire la connaissance de personnages hauts en couleurs, qui ne manquent ni de cran ni d’humour. Un livre somme toute très cinématographique, avec de nombreuses références aux films de Gangsters mais pas que.
Musique, cinéma, religion (ça reste des américains d’origine italienne), règlements de compte, courses poursuites et belle bagnole. C’est parti pour 48 heures d’aventures, de souvenirs et d’audace !
« On est tous des épaves qui n'ont pas dit notre dernier mot. Tant que c'est pas mort, ça peut être réparé.»
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