Edmond Rostand
« Gros homme, si tu joues je vais être obligé de te fesser les joues ! »
En 1640, Christian, Baron de Neuvillettte, arrive à Paris pour s’engager. L’action débute au théâtre, où doit se jouer Clorisse. Le jeune homme est dans la fosse et son regard croise celui de Roxane, assise dans l’un des balcons. C’est l’amour au premier regard.
Le cousin fraternel de la belle n’est autre que le fameux Cyrano de Bergerac, poète et brave, qui n’a peur de rien et que beaucoup redoutent pour sa lame et son esprit affutés. Lui aussi est épris de la belle mais, laid, il ne lui avouera jamais. Aussi, lorsque cette dernière lui avoue son amour pour Christian et lui demande de le prendre sous sa protection, le gascon promet, par amour pour elle.
A deux, l’un par la beauté et l’autre par l’âme, ils vont séduire Roxane, faire chavirer son cœur grâce à la poésie et la douceur des mots de Cyrano déclamés par la belle bouche de Christian. Ne se doutant de rien, elle s’éprend du jeune militaire, ne devinant pas que les mots qu’il lui offre ne sont pas de lui.
Ce n’est pas une farce que cette pièce, c’est un sacrifice qu’un homme fait par amour pour une femme, jusqu’au bout, s’effaçant pour que puisse fleurir l’amour entre deux beaux jeunes gens.
« lorsque j’ai fait un vers et que je l’aime, je me le paye en me le chantant à moi-même ! »
On pense tout connaître du personnage truculent de Cyrano, sa verve, son verbe, son audace et son nez. Mais le connaît-on vraiment ? Sait-on ce qu’il est prêt à sacrifier pour la femme qu’il aime ? Devine-t-on que par désir de liberté, il préfère la pauvreté à la protection des puissants ? Imagine-t-on que pour parfaire l’illusion d’un Christian aussi intelligent que beau, il est prêt à braver mille dangers pour envoyer tous les jours des lettres à la belle Roxane ? A la faveur du programme scolaire, j’ai plongé dans cette pièce de théâtre connue et reconnue, écrite par un Edmond Rostand sous le charme d’une muse, au fur et à mesure que la pièce se montait et que l’inspiration le prenait.
« si les baiser s’envoyaient par écrit, Madame, vous liriez ma lettre avec mes lèvres !… »
J’ai redécouvert ce chef d’œuvre classique du théâtre Français, qui connut un succès phénoménal et mérité, se basant librement sur la vie et les écrits d’un personnage ayant réellement existé mais n’étant que très peu connu : Savinien de Cyrano. Rostand prête à son héros de nombreuses qualités qui en font un homme admirable dans un contexte historique marqué par la guerre franco-espagnole. Ainsi, Cyrano, de la compagnie des Gascons, se trouve dans le même régiment que Christian qui partage avec lui l’amour pour Roxane.
L’auteur fait se confronter la beauté et l’esprit, les deux qualités nécessaires à la séduction d’une femme. Cyrano a l’intelligence de ne pas se mettre Roxane à dos, de lui rester indispensable en donnant à Christian les mots qui lui manquent, lui garantissant ainsi le succès dans son entreprise amoureuse. Au moins l’un des deux conquiert la belle, même si c’est sur une manipulation. Cyrano est heureux du bonheur de celle qu’il aime…
« N’être aimé que pour ce dont on est un instant costumé doit mettre un cœur avide et noble à la torture… »
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